CARGUER LES VOILES
Carguer les voiles ! J’aime
cette expression de marins, reprise par saint
Paul. Quand le bateau à voiles a affronté,
au cours de sa traversée, les tempêtes,
les écueils, les calmes plats, s’approche
enfin du port désiré, il replie
ses voiles. Car l’arrivée au port
est proche, elle est certaine. Pour les marins,
c’est le terme des épreuves, c’est
l’espérance enfin exaucée,
c’est l’apaisement des cœurs.
L’Église est souvent comparée
à un bateau, elle affronte les critiques,
les persécutions, l’indifférence
; elle garde les yeux fixés sur le port
désiré : le Seigneur ressuscité,
Jésus Christ. Elle n’est pas encore
arrivée au port, elle espère et
ne sait pas encore quand cela sera le temps.
Devrait-elle carguer les voiles trop tôt
? Pour nous disciples, c’est le temps
de l’épreuve, mais, en même
temps, c’est le temps de l’espérance.
Car le temps ancien s’en est allé,
un monde nouveau nous est déjà
donné.
Après d’assez nombreuses années
vécues dans le ministère presbytéral,
je reprends l’expression de l’Apôtre
: proche est le temps de carguer les voiles
! J’ai traversé, avec l’Église,
les espérances du Concile Vatican II,
les déceptions, les contestations et
les critiques des uns et des autres. J’ai
essayé, avec l’Église, de
comprendre l’évolution de la société
française vers l’indifférence
religieuse et la primauté de l’argent.
Mais je n’ai pas oublié que le
Christ a été envoyé par
le Père non pour condamner ce monde mais
pour le sauver, le libérer.
Le cœur apaisé et joyeux, je m’approche
du port désiré ; je peux songer
à carguer les voiles. Peut-être
est-ce le temps ? Je suis toujours prêt
à écouter patiemment chaque personne
pour un accompagnement spirituel. J’essaie
de faire le bien, d’aimer, ceux et celles
dont j’ai la charge pastorale et, au delà,
tous les êtres humains. J’essaie
de réaliser la communion entre tous en
respectant leurs sensibilités ecclésiales
différentes. J’essaie de vivre
la « préférence »
du Christ pour les pauvres : ceux et celles
qui dépendent des autres, quels qu’ils
soient. Je rends grâce au Seigneur Jésus
Christ ; il est pour moi, le port désiré.
Aujourd’hui et à jamais.
C.L.